Portrait : Teresa Chin, bénévole

Rédaction par Anna Chumbe

Teresa fait partie de notre équipe de bénévoles en accompagnement depuis deux ans et demi. De nature discrète et sereine, ce qui l’intéresse particulièrement, c’est de travailler avec les gens, ce qu’elle a souvent fait tant dans une position d’enseignante que de soignante. Son parcours de vie en témoigne : après une carrière d’enseignante d’anglais langue seconde auprès d’élèves du secondaire à Mont-Tremblant, elle est revenue à Montréal à sa retraite et supervise aujourd’hui des professeur·e·s en formation à l’Université McGill. Pendant la pandémie, elle a reçu la formation de Doula de fin de vie, qui met l’accent sur la fonction d’accompagnement dans le processus de la mort.

L’intérêt profond de Teresa pour prendre soin des autres d’une manière directe et interpersonnelle s’étend également aux non-humains : elle a un chat très aimé qui s’appelle Mushi, et son amour pour l’animal est visible dans toute sa maison (y compris les chats sur l’étui de son téléphone portable). « Un petit garçon que je gardais a compté tous les objets liés aux chats dans ma maison », dit-elle en riant. « Il y en avait soixante-seize ! »

Teresa vient ici deux fois par semaine, le mercredi et le samedi matin, pour aider les infirmiers et accompagner les personnes en fin de vie. Teresa a une façon particulièrement transcendante de voir la vie, y compris la mort. « Nous devons nous demander comment nous voulons nous préparer », dit-elle. Elle estime que la mort est devenue trop médicalisée, séparée de la vie. « Nous devons changer cela », affirme-t-elle.

Parler avec Teresa est un plaisir. Elle a une présence à la fois douce et puissante qui respire la paix. Elle ne porte pas de jugement. Lorsqu’on lui demande de citer une personne qu’elle admire, elle répond instantanément : « Ma mère ». Elle est émerveillée par la capacité de sa mère à aimer sans juger, à donner sans réserve. « Quand on a des enfants, il faut les aimer jusqu’au bout », sa mère lui a dit un jour. Ce qu’elle admire, c’est la façon dont sa mère vit cela, fidèle à sa parole. « Nous devons supprimer toute trace de jugement, autant que possible, » dit Teresa, « c’est le but. »

Teresa semble posséder un rare sens de la narration qui transparaît dans tout ce qu’elle dit et croit. Elle a étudié la création littéraire et la linguistique appliquée, et elle semble saisir l’essentiel sans avoir besoin de le formuler en trop de mots. Ce qu’elle aime le plus dans son travail ici, ce sont les gens, les personnes en fin de vie. « On apprend tellement de choses. Tout le monde est si gentil. » Teresa partage le point de vue de nombreux bénévoles, à savoir que le bénévolat est, d’une certaine manière, « égoïste », car le travail et les gens lui apportent beaucoup et la rendent heureuse.

Lorsqu’on lui a demandé quel message elle souhaitait vous transmettre, à vous, lecteurs, elle a répondu : « Cherchez le sublime dans chaque jour ». Pour illustrer son propos, elle a évoqué le nouveau film du réalisateur allemand Wim Wenders, « Les jours parfaits ». Ce qui l’a particulièrement marquée, c’est le moment où le protagoniste, sortant de chez lui au petit matin pour se rendre au travail, s’arrête pour regarder les premiers rayons de soleil qui se posent sur les arbres. Il y a dans cet acte quelque chose d’indiciblement satisfaisant : pour l’instant, rien d’autre n’existe. C’est ce que j’aime dans le travail avec les gens, dit-elle : tout le reste diminue – toutes les autres choses. Il n’y a que l’amour, toujours l’amour, dans cet instant.